Du 14 au 17 novembre dernier une délégation de 15 personnes de Walschbronn, dont le maire, s'est déplacée à Cherves-Richemont en Charente pour honorer le devoir de mémoire 80 ans après l'exode du 1er septembre 1939. Une conférence, fruit d'un long travail de recherches historiques, a été le point d'orgue de ce déplacement. C'était aussi l'occasion d'inaugurer une plaque commémorative offerte par la commune de Walschbronn pour ne pas oublier et de signer une charte d'amitié entre les deux communes.

Ce jour du 1er septembre 1939, la population a été informée de l'évacuation à 14h. En 3 heures il fallait rassembler le strict nécessaire pour être prêt pour le grand exode. Les cloches de l'église sonnèrent le départ à 17h. Une colonne de charrettes attelées à des chevaux quittait Walschbronn en direction de Phalsbourg où le périple continua dans des trains à bestiaux jusqu'à Cognac.

Dans la seule Charente, ce sont ainsi quelque 85000 évacués mosellans qui ont été accueilli. Pas moins de 700, dont de nombreux habitants de Walschbronn, ont été reçus et hébergés à Cherves-de-Cognac qui comptait 1500 habitants. Les réfugiés ont vécu des périodes difficiles et une intégration pas toujours aisée, en partie à cause de la barrière de la langue. La plupart ne parlait que le patois allemand. Ils étaient parfois appelés les "Boches". Les enfants parlant français ont du jouer les interprètes. Petit à petit, Charentais et Mosellans ont appris à vivre ensemble. Ils ont aussi connu de belles aventures. En effet certaines familles sont restées après 1945 et ont trouvé la paix et le bonheur en Charente.

Quatre vingt ans après, des liens se sont réactivés à l'initiative de Christian Schwalbach, maire de Walschbronn. Le 3 mai dernier, une délégation de 5 personnes de Cherves-Richemont s'était déplacée à Walschbronn pour recueillir des témoignages et souvenirs des anciens en vue d'organiser une conférence sur l'exode (voir l'article). Rendez-vous a été donné à Cherves.

Le 14 novembre dernier les représentants de Walschbronn sont donc allés retrouver les traces de leurs aïeux ou leur propre parcours de jeunes enfants, cette fois-ci en bus et TGV. À nouveau, l'accueil était chaleureux. Neuf familles les ont hébergés. Alain Riffaud, maire de Cherves-Richemont, et la municipalité ont fait de l'espace culturel l'Abaca le point de ralliement de ces trois jours festifs.

Les Chervois avait préparé un programme riche en commençant par les visites des lieux emblématiques de la commune. La visite du Château de Chanteloup était émouvante grâce à la rencontre de Gabrielle Bordat. Agée de 91 ans, elle a connu la période de 1939-1945 et a rappelé des souvenirs liés à l'accueil des Mosellans avec grande humanité. D'autres visites, comme la société Martell à Cognac, la distillerie de la Salle et le Château Chesnel ont comblés les Walschbronnois.

Un temps fort fut la conférence donnée en honneur des visiteurs à l'Abaca de Cherves le vendredi soir par Nathalie Hamon, Pierre Chassagne et Francis Bouchereau de Cherves. Pendant plus d'une heure et demie les 230 personnes présentes ont été tenues en haleine grâce au gros travail effectué en amont par les trois présentateurs et Patrick Solier de Cherves, ainsi que de Blandine Franz pour une exposition à la bibliothèque de Waldhouse. Les instants dramatiques depuis l'ordre d'évacuation et le tocsin jusqu'au retour après la guerre ont été retracés avec émotion. La conférence a été suivie d'un moment convivial.

Le samedi 16 novembre, le dévoilement d'une plaque commémorative offerte par Walschbronn en remerciement de l'accueil des évacués fut un autre point d'orgue de ce séjour. Elle est apposée sur le mur de l'ancienne gendarmerie où se trouvait la mairie annexe de Walschbronn à Cherves lors de la guerre. On peut y lire: "Cherves-de-Cognac fut un lieu d'accueil et de paix lors de la seconde guerre mondiale".

Enfin, la signature d'une charte d'amitié par les maires respectifs entourés des adjoints, conseillers et habitants avait clos ce séjour. Cette charte s'inscrit dans la volonté d'entretenir la flamme de l'amitié et de maintenir les liens par des échanges réguliers entre les deux communes.